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Cap sur le Fastnet ! À l’issue de la 2e nuit à bord, Yoann Richomme et Yann Eliès continuent leur apprentissage du bateau en course et face à l’adversité. Malgré une zone sans vent à traverser en fin de journée et de nombreuses manœuvres, ils ont réussi à s’extirper du groupe des poursuivants et pointent à la 4e place. « Accrocher un podium, ce serait que du bonus », s’enthousiasme Yoann. Paprec Arkéa devrait atteindre le mythique rocher du Fastnet dans l’après-midi. 

Il faut s’imaginer être en pleine course, avoir deux âmes de compétiteurs à bord et… Ne pas avancer. C’est ce qu’ont vécu en fin de journée Yoann Richomme et Yann Eliès et ils n’y sont pour rien. Vers 20 heures, Yoann expliquait : « on est tombé dans une zone de molle (zone sans vent NDRL) qui traverse le parcours et qu’on ne pouvait pas éviter ». Comme il l’explique, « toute la flotte est tombée dedans » et il fallait donc se contenter de progresser à un peu plus d’un nœud « parce que la mer fait battre les voiles ».

En attendant le retour du vent

Les marins doivent parfois s’adapter à ça, quand le carbone ne siffle pas et que les foils ne permettent pas aux bateaux de dominer les vagues. « On essaie de se battre pour rester dans l’Ouest le plus possible parce que c’est là que le vent va rentrer », expliquait alors Yoann. Ce temps à part, un moment d’arrêt brutal en pleine compétition, ils ont donc dû le gérer. C’est l’occasion de se reposer – « on a enchaîné les siestes de plus de trois heures avec Yann » - mais aussi de réaliser de belles images du bateau – « Yann Riou, notre reporter océanique (mediaman embarqué), a sorti son drone ».

« Il pleut tout le temps, c’est assez maussade… On est bien à voir tout ça depuis notre petite cabane ! », s’amuse le skipper. La course n’en est pas oubliée pour autant et en la matière, Paprec Arkéa est fidèle au poste. Le monocoque bleu et rouge est passé en 5e position au premier waypoint, ‘Tout commence en Finistère’ situé à 205 milles au Sud-Ouest des côtes bretonnes, seulement 1 h 13 min après le leader Charal.

Un changement de parcours, pas d’objectif

Ensuite, Yoann et Yann ont mis le cap au nord toute afin de rallier le rocher du Fastnet. Les conditions se sont déjà améliorées dans la nuit et ça devrait être encore le cas tout au long de cette journée. Paprec Arkéa progressait d’ailleurs à 23 nœuds ce matin à 7 heures, 19,6 milles lors des dernières 4 heures. De quoi conforter sa place dans le ‘top 5’, au 5e rang, à un peu plus de 10 milles du bateau qui le précède (For the Planet, Sam Goodchild-Antoine Koch). « On devrait atteindre le Fastnet avec 20 avec 25 nœuds de vent, ce sera un bord rapide » explique Yann. Ce second point de passage devrait être franchi en milieu d’après-midi.

La suite a évolué : les organisateurs de course ont décidé de changer le parcours, une information qu’ils ont transmise dans la soirée aux skippers. Les conditions dans le Nord-Ouest du Fastnet sont en effet particulièrement éprouvantes et les organisateurs ont donc décidé de faire preuve de prudence afin d’épargner les bateaux, surtout les plus neufs. Ils devront donc redescendre vers le Sud après le passage du Fastnet jusqu’à la pointe Bretagne. Là, ils contourneront un nouveau point de passage baptisé « Trophée Région Bretagne ». Ensuite, cap à l’Ouest pour dépasser le point Gallimard avant un dernier retour jusqu’à Brest où sera adjugé l’arrivée.

Un changement de parcours qui ne change en rien les plans de Yoann et Yann. « Notre objectif, c’est toujours de découvrir et d’apprendre du bateau, assure Yoann. Si on peut conserver une place dans le ‘top 5’ ou accrocher un ‘top 3’ ce sera que du bonus ! » En attendant, la vie à bord à trois – Yoann Richomme, Yann Elies, Yann Riou – s’organise. Yoann s’en amuse : « il y a des affaires un peu partout dans le bateau. Je crois qu’on ne peut pas être plus de trois à vivre dedans ! » Et le navigateur chevronné de sourire : « on n’est pas très bien organisé mais ça viendra avec le temps ! »

 

Drôle de journée, journée de drone

Régate dans du petit temps
Parce que pas gâtés en gros temps
En gros tant que ça souffle : on prend
Et quand ça s’essouffle, on... attend
On a le temps, même ! De tourner
En rond, voire studieux
Voire de faire un studio du bateau
Alors on s’affaire à maquiller l’ennui
Tandis que la quille est à siester
L’Ouest, y errer mais tranquille
Alors tant qu’il ne vente pas, on prend l’air
Yann R. aux commandes, on prend des poses
Air-Yann, ou comment décoller sans vent
Il en découle des envols, des vues aériennes
Autre vie aérienne du navire, sans foil
Autre vol : quelques images à ravir
Avant que le sillage ne s’affole
Que le vent et sa folie ne prennent aux visages
Que le navire dévisage l’horizon, comme sur ressorts
Que l’on navigue, et se prenne à ressortir les foils

Jean-Marie Loison-Mochon