Le bonheur n’est pas forcément là où on le croit. Il ne se niche pas exclusivement dans cette 2e place au Vendée Globe acquise en janvier dernier, cette effervescence d’émotions partagées avec le plus grand nombre. Yoann va plus loin : « le bonheur de notre projet, c’est de toujours avoir une vision pour la suite, de réussir à se projeter, qu’il n’y ait jamais de vide ». C’est un aspect qui tient particulièrement à cœur de Romain Ménard, le team manager. La réflexion sur le calendrier et la marche à suivre pour l’année 2025 a d’ailleurs débuté avant même le départ du Vendée Globe. « Notre force a toujours été d’avoir un coup d’avance », abonde Romain.
« Le voyage fait partie de notre ADN »
Dans ce programme, il y a d’abord un mois d’accueil des collaborateurs de Paprec et du Crédit Mutuel Arkéa, en début d’année, qui viennent rencontrer l’équipe afin de revivre un peu de l’euphorie du Vendée Globe. Puis l’annonce d’une arrivée au sein de l’équipe, celle de Corentin Horeau, marin reconnu pour son énergie et son talent et co-skipper de Yoann tout au long de l’année. La saison s’annonce riche, en équipage, avec la Rolex Fastnet Race puis The Ocean Race Europe et ses sept étapes entre l’Allemagne et le Monténégro, au cœur de l’été. « C’est une nouvelle course pour nous, avec de nouvelles destinations, c’était très enthousiasmant », explique Romain. « Le voyage, ça fait partie de notre ADN », savoure Yoann.
En attendant, l’IMOCA Paprec Arkéa est remis à l’eau en mai après un chantier d’optimisation. L’équipe révèle également en juin qu’elle construira un nouveau monocoque à l’issue de la saison, aux couleurs de Paprec. Puis, place à une première course en équipage pendant l’été, la Rolex Fastnet Race. Aux côtés du duo Richomme-Horeau, on retrouve Pascal Bidégorry et Estelle Greck. « Ce n’était pas facile car ça s’est joué au près, dans du vent médium, assure Yoann après qu’ils ont terminé 3es. Mais ça a été très bénéfique afin de préparer le bateau pour la suite. »
« Des équipiers en or »
L’équipe a ensuite pris la direction vers Kiel, port de départ de The Ocean Race Europe. S’ensuit une incroyable aventure, de la mer Baltique à l’Adriatique, partagée avec tous ceux qui ont pris part à l’équipage : Mariana Lobato, Pascal Bidégorry, Yann Eliès, Gautier Levisse et Gaston Morvan. Paprec Arkéa s’affirme rapidement comme un des meilleurs bateaux de la course. Toujours placé, Paprec Arkéa occupe la 2e place au général tout au long de la course, une sacrée performance. « J’ai eu des équipiers en or », confie Yoann à l’arrivée, heureux de « s’être arraché jusqu’au bout pour finir sur le podium ». « Ça nous a permis de nous ouvrir à de nouvelles approches, de nouveaux fonctionnements en interne aussi, poursuit Romain. Des membres de l’équipe ont appris à se connaître davantage et puis on a intégré de nouveaux marins à notre projet qui nous ont beaucoup aidés dans la compréhension du bateau ».
La Transat Café L’Or, dernière course sous les couleurs Paprec Arkéa
À l’automne, Paprec Arkéa met le cap sur Le Havre pour la Transat Café L’Or. Si Yoann et Corentin abordent leur dernière course ensemble avec ambition, ils doivent malheureusement revoir leurs plans, la faute à une collision quelques heures après le départ, qui endommage leur foil et leur outrigger tribords. Sauf que l’histoire qui a été écrite ensuite, dit beaucoup de l’état d’esprit chez Paprec Arkéa. Toute la nuit, les membres de l’équipe se sont relayés pour réparer et repartir. « Leur mobilisation a été incroyable », souffle Yoann. « Pour nos sponsors, pour nous, pour Corentin, on se devait d’aller au bout de la course. Et on le devait à l’équipe, c’est elle qui a brillé » abonde Romain.
Une autre course débute donc sur les chemins de la résilience. Yoann et Corentin donnent tout, remontent une partie de la flotte et parviennent à intégrer le “Top 10”. « On préfère toujours rendre une copie parfaite mais on sait que les aléas font partie de notre sport mécanique, reconnaît Yoann. Il faut les accepter et batailler pour les réduire au maximum ». Quoi qu’il en soit, il reste « la grande fierté d’avoir réussi collectivement à terminer toutes les courses qu’on a disputées », conclut Romain.
Avec le Crédit Mutuel Arkéa, une si belle histoire
L’arrivée à Fort-de-France marquait aussi la fin d’une histoire : il s’agissait de la dernière course du Crédit Mutuel Arkéa aux côtés de l’équipe. « C’est fantastique d’avoir pu bénéficier de leur confiance et de leur soutien, assure Yoann. Nous sommes fiers d’avoir parcouru ce chemin avec ces passionnés de nautisme et de sport ». « Il y a forcément un pincement au cœur, poursuit Romain. Ils ont une forte appétence pour le nautisme et ont permis à de nombreux collaborateurs de nous suivre et de vivre le projet avec nous ».
Ainsi, le Crédit Mutuel Arkéa, Paprec et toutes les forces vives impliquées ont « permis de positionner le projet avec un leadership à la fois technologique et sportif ». L’innovation a été en son cœur, à la fois au sein de l’équipe mais aussi dans l’expérience proposée aux collaborateurs et aux clients. Un direct vidéo a ainsi été produit à chaque départ, une maquette du cockpit à échelle 1 se visitait lors des villages de course, avant d’être exposée au siège du Crédit Mutuel Arkéa, de Paprec, et à la Cité de la Voile, un kit pédagogique a été créé avec la Cité de la Voile et mis à disposition des enseignants, tandis que des lives connectés avec les classes ont rencontré un franc succès. « Ce projet dépasse largement le cadre du sport, c’est une affaire de partage avec le plus grand nombre » précise Romain.
« Cette histoire s’achève avec énormément de positif et la sensation du travail accompli », sourit Yoann. En moins de quatre ans, il aura remporté trois transatlantiques (Route du Rhum 2022 en Class40, Retour à la Base en 2023, The Transat CIC en 2024) et terminé 2e du Vendée Globe. Bientôt, un nouveau chapitre s’ouvrira avec Paprec, un nouveau bateau, de nouvelles perspectives et la même volonté de faire vivre des émotions en pagaille…
UNE SAISON EN BREF
Mars : Annonce de l’arrivée de Corentin Horeau comme coskipper
Mai : Remise à l’eau après un chantier d’optimisation
Juin : Annonce de la conception d’un nouvel IMOCA Paprec
Juillet : 3e de la Rolex Fastnet Race (en équipage)
Août-Septembre : 2e de The Ocean Race Europe (en équipage)
Novembre : 10e de la Transat Café L’Or (en double)
UNE ANNÉE EN CHIFFRES
- The Ocean Race :
2e sans discontinuer du début à la fin de la course
4 places sur le podium des étapes
2e à Matosinhos-Porto, 3e à Carthagène et 2e à Gênes
En tête de l’unique « scoring gate » situé au large (5e étape, en Sardaigne)
- Aucun abandon depuis la mise à l’eau de Paprec Arkéa en 2023