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C’était l’année de tous les défis. En 2024, Paprec Arkéa est engagé dans deux transatlantiques en solitaire, avant le plus connu des tours du monde. L’équipe et Yoann réalisent alors un sacré tour de force avec une victoire sur The Transat CIC et une somptueuse 2e place au Vendée Globe.  De quoi s’offrir des souvenirs qui resteront gravés à jamais : les bras levés devant la statue de la Liberté, le passage du cap Horn en leader et une arrivée magique aux Sables d’Olonne…

Le calendrier de cette saison 2024, la deuxième complète pour l’IMOCA Paprec Arkéa, avait de quoi donner le tournis. Au programme : deux transatlantiques (The Transat CIC et New York Vendée) puis l’objectif majeur du projet, le Vendée Globe en fin d’année. Le tout, en solitaire.

Au sein de l’équipe, tout est anticipé et planifié afin de tenir bon sur le long terme. Pourtant, tous sont rapidement sur le pont. « Nous avons fait partie des premiers à remettre le bateau à l’eau cette année-là, rappelle Yoann. C’était important pour nous de naviguer vite, de retrouver nos automatismes ». Dès le mois d’avril, place donc à la première course, The Transat CIC.

Une arrivée triomphale à New York

Cette transatlantique a la particularité de se dérouler dans l’Atlantique Nord, une route « réputée pour être plus dure, plus casse-bateaux, avec pas mal de tempêtes ». Pourtant, les conditions d’alors sont plutôt clémentes. « On a eu un scénario météo hyper favorable qui nous a permis de traverser l’Atlantique en huit jours, ce qui est dingue ! » Surtout, Yoann démontre une sacrée maîtrise à bord de Paprec Arkéa. Et à l’arrivée, il s’offre une incroyable victoire et s’inscrit au palmarès de cette course de légende.

La suite, c’est une arrivée triomphale à New York et des images de joie et de bras levés devant la statue de la Liberté. « Yoann venait de boucler la saison précédente par un succès (Retour à la Base) et il débute la nouvelle par un autre, c’est exceptionnel », savoure Romain Ménard, le directeur général de l’équipe. Le collectif Paprec Arkéa fait alors le plein de confiance, récompensé par son investissement de chaque instant.

Une partie de l’équipe s’attache à prendre soin de l’IMOCA situé dans une marina de Brooklyn. « C’était presque irréel de voir notre bateau au pied des gratte-ciels », sourit Yoann. Lui, s’accorde des vacances en famille avant un retour aux affaires pour la New York-Vendée. Si le résultat est plus modeste (7e), la course est précieuse pour « identifier les points faibles du bateau », dans le près et le médium. « Ça nous a beaucoup servi pour nous améliorer, notamment en matière de design de voile et de réglages ». Par ailleurs, l’équipe installe une nouvelle paire de foils à l’arrivée de ces deux transats, justement pour gagner en polyvalence.

Le Vendée Globe, l’intensité et l’émotion d’avant

Progressivement, c’est l’objectif majeur du projet qui accapare les esprits : le Vendée Globe. Le plus connu des tours du monde approche, avec l’attraction médiatique et populaire mais aussi toute la pression qu’il implique. « On a la chance que nos sponsors, Crédit Mutuel Arkéa et Paprec, aient toujours été très respectueux, ils ont tout fait pour ne pas nous mettre de pression, confie Yoann. En revanche, on la ressentait au sein du team parce que tout le monde voulait bien faire ». « Pendant le village, c’est incroyable le nombre de sollicitations, la densité de ce que tu vis », reconnaît Romain. Mais là encore, tout avait été suffisamment anticipé pour conserver quelques temps privilégiés en famille ou entre amis, et pour que toute l’équipe se retrouve, chaque jour, le temps d’un repas.
Malgré ce degré de préparation, l’émotion reste forcément palpable le jour J. Il y a certaines choses qui ne s’anticipent pas, notamment les larmes sur les visages chez ceux qui sont là depuis le début. Romain, Gautier Levisse (responsable du bureau d’études), Pauline Querrec (en charge de la logistique et des relations publiques), Charlotte Pignal (en charge de la communication), Isabelle Delaune (en charge des relations presse) et tous les membres du team. Yoann Richomme s’élance pour un tour du monde et ça n’a rien d’anodin. « On y avait mis beaucoup d’énergie, d’espoir… Le voir partir, ça marque », raconte Romain.

La remontada et le cap Horn pour récompense

La suite, c’est Yoann qui l’écrit. Il évoque « 24 premières heures un peu en dedans » puis « une belle descente de l’Atlantique » et une course poursuite dans l’hémisphère Sud. « Il fallait s’accrocher dans le paquet de tête, tout en restant précautionneux pour ne pas casser ». Un examen de passage que Yoann réussit avec brio : il est 4e au cap de Bonne Espérance. Il progresse ensuite dans les mers du Sud où il n’avait jamais navigué. Vient ensuite une très forte dépression au large des Kerguelen. C’est un des points clés de la course : deux skippers s’échappent (Charlie Dalin et Sébastien Simon), Yoann fait partie de ceux qui jouent la prudence en passant par le Nord. Il accuse 500 milles de retard et pense alors que « la victoire est désormais hors de portée ».

Pourtant, le marin se remotive et cravache afin de bénéficier de transitions météo qui lui permettent progressivement de creuser l’écart avec ses poursuivants. Il se rapproche surtout des hommes de tête : à l’île d’Auckland, il est revenu sur les deux premiers à l’issue d’une incroyable remontada. Les cartes sont rebattues, le Pacifique est avalé en grandes enjambées et le Cap Horn se présente. Yoann le franchit en tête avec neuf minutes d’avance sur Charlie. Un incroyable cadeau à deux jours de Noël ! « Ma hantise, c’était de ne pas voir le Horn. Là, je passe en plein jour, au ras de la côte. Je ne pouvais pas espérer mieux ». « Je crois que dans l’équipe, on sait tous ce qu’on faisait à ce moment-là, sourit Romain. C’est une image exceptionnelle, une belle récompense après son incroyable remontée ». Le lendemain, Paprec Arkéa s’affiche en une de L’Équipe et le duel avec Charlie Dalin se poursuit.

Le skipper de Paprec Arkéa sait alors que « la remontée de l’Atlantique favorise le design du bateau de son rival », et donne tout. Un positionnement au large de Rio, au cœur d’un « passage pas très clair », lui fait perdre sa position de leader. Charlie s’échappe, Yoann tient bon et s’offre finalement la 2e place après 65 jours de mer.

La traversée du chenal, au petit matin de ce glacial mercredi 14 janvier, est majestueuse. Il y a la famille, les amis et toute l’équipe, emmitouflés dans des vêtements chauds mais si heureux. « L’arrivée, c’est un soulagement énorme et beaucoup de plaisir pour tout le monde », sourit Romain. Yoann remercie longuement tous ceux qui ont contribué à cette performance. Il pense à l’équipe, « ce socle si solide » et évoque le rôle de Paprec et du Crédit Mutuel Arkéa qui « ont su prendre des risques et nous donner toujours de la liberté de manœuvre ». En se remémorant des images de son arrivée, Yoann a des mots qui disent tout : « c’était un moment de grande satisfaction et de plénitude qu’on a tous partagé ensemble ».

UNE SAISON EN BREF

Mai : Victoire à The Transat CIC
Juin : 7e à la New York-Vendée
Septembre : 6e du Défi Azimut

Janvier 25 : 2e du Vendée Globe

LE VENDÉE GLOBE EN BREF

12 novembre : Départ
13 novembre : Leader de la course pour la 1ère fois
10 décembre : 3e au Cap Leeuwin
17 décembre : Leader à nouveau dans l’océan Pacifique
23 décembre : Leader lors du franchissement du Cap Horn
14 janvier : Termine 2e de la course
 

UNE ANNÉE EN CHIFFRES

The Transat CIC :
2e victoire consécutive en cinq mois après Retour à la Base
3e transatlantique remportée en l’espace de 19 mois

Vendée Globe :
4e au Cap de Bonne Espérance, 3e au Cap Leeuwin, 1er au Cap Horn
Record Cap Leeuwin – Cap Horn (4 jours et 9 heures, battu de plus de 3 jours le précédent)
2e de la course, 22 heures et 47 minutes après le vainqueur
Plus de 8 jours d’avance sur le précédent record du Vendée Globe

 

Titre non renseigné © Guillaume Le Corre - polaRYSE - Paprec Arkea