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Fidèle à lui-même, Yoann Richomme revient avec clarté et honnêteté sur cette 2e journée en mer, au cœur du golfe de Gascogne. Les conditions toniques, la mer croisée et les vitesses moyennes, à plus de 20 nœuds, ont particulièrement éprouvé les hommes et les machines. Yoann et Yann ont tenu bon et ils ont fait un peu mieux que ça. Yoann raconte. 

C’est une impression tenace pour tous les « accrocs de la carto » comme pour ceux qui bataillent sur l’eau : cette Transat Jacques Vabre, débutée sur le tard (après une semaine à laisser passer deux tempêtes) n’offre aucun répit. Les IMOCA semblent lancés dans une course contre-la-montre effrénée sans temps mort comme si le marathon attendu devenait un sprint interminable. Hier soir, Yoann Richomme reconnaissait que cette 2e journée à bord a une nouvelle fois « été très intense ». 

 

« C’était assez violent, ça tapait très fort » 

Et le skipper de détailler le programme qui les a monopolisés toute la journée. « Mercredi matin, on a dû passer le front comme prévu. Le vent a tourné très rapidement, on a dû faire une grosse manœuvre. Après, ça a bombardé toute la journée ». La vitesse – plus de 23 nœuds de moyenne au cœur de la journée – et l’état de la mer obligeaient donc à redoubler d’attention. « C’était assez violent. Parfois, on essayait de calmer le bateau pour éviter le risque de casser ».

 

Plusieurs autres skippers se sont fait surprendre et ont dû faire face à des avaries. Entre des voies d’eau, des voiles déchirées, des dégâts structurels, on compte un abandon (Stand as One) et six retours au port (Be Water Positive, Lazare, MACSF, Groupe APICIL, Biotherm, Oliver Heer Ocean Racing). « C’est vrai qu’on pouvait facilement faire des bêtises, reconnaît Yoann. Même en faisant tout avec minutie et sérieux, ça tapait très fort, à la limite de l’insoutenable ». Une nouvelle fois, il fallait faire preuve de patience et d’un sacré sens du dévouement pour tenir et résister sans réduire l’allure. Yoann et Yann s’y sont employés, enchaînant les quarts sans broncher.

 

Un début de course aux avant-postes 


Par ailleurs, les regards étaient rivés sur les fichiers météos afin de déterminer la bonne route à emprunter. « Finalement, tout le monde a opté pour aller dans le sud, décrypte Yoann. On oublie que les conditions de mer sont épouvantables et c’est vraiment délicat pour les bateaux. C’est plus raisonnable de faire cap au sud ». La décision s’est faite dans la matinée. En fin de journée, une légère accalmie a permis de se reposer, enfin, et de faire le tour du bateau pour vérifier que tout était en ordre. « On arrive à se reposer même si nos deux bannettes se sont cassées… Le matelas sur-mesure fait par Bultex fonctionne bien ! »

 

Dans le ‘top 5’ la veille, Yoann et Yann se sont hissés sur le podium provisoire en cette 2e journée et ont pris la 2e place pendant la nuit. Au classement de 7 heures, le duo Richomme-Eliès n’avait que 26 milles de retard avec celui formé par Jérémie Beyou et Franck Cammas et comptait 7 milles d’avance sur Thomas Ruyant-Morgan Lagravière (For People). Surtout, le trio se détache : le 1er poursuivant, Teamwork.net (Justine Mettraux et Julien Villion) pointe à près de 20 milles. « Après le front, on a réussi à s’extirper pour se placer dans le bon wagon », apprécie Yoann. 

 

La suite, c’est une progression vers les côtes portugaises. « On va avoir 24 heures un peu plus tranquilles pour descendre au vent de travers, poursuit le skipper. Ensuite, on va aller chercher l’anticyclone au sud du Portugal pour se faufiler et aller chercher l’alizé. » En somme, un programme beaucoup moins éprouvant que le début de course et ce n’est pas plus mal. « Des départs comme celui-là, ça use beaucoup, s’amuse le skipper de Paprec Arkéa. Ça tire sur le système… Mais on a réussi à bien se reposer pour la suite ! »