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Incroyable Yoann Richomme ! À l’issue d’une course rondement menée, qu’il a dominée depuis dimanche dernier, le skipper de Paprec Arkéa s’est offert ce samedi 9 décembre après-midi une victoire de prestige en franchissant en tête la ligne d’arrivée de Retour à La Base. Il remporte sa première course en IMOCA en solitaire et ajoute une ligne à un palmarès déjà fourni qui compte deux Solitaire du Figaro et deux Route du Rhum. De quoi faire le plein de confiance avec toute l’équipe avant une saison 2024 de haute volée qui s’achèvera par son grand objectif, le Vendée Globe.

C’est une affaire de détails comme un jeu d’échecs permanent. Veiller aux moindres réglages, anticiper les conditions météos, faire preuve d’audace, trouver les quelques milles de plus pour fausser compagnie à ses rivaux… La course au large est un travail d’orfèvre et Yoann Richomme l’a démontré de façon spectaculaire tout au long de cette course entre Fort-de-France et Lorient. Il y a eu les bords à tricoter sous la Martinique, la ruée vers le Nord à ne rien lâcher malgré une mer croisée et puis de l’audace. Après avoir contourné l’anticyclone et bénéficié des dépressions venues de l’Est, Paprec Arkéa a en effet été le bateau qui a pointé le plus au Nord. De quoi bénéficier de conditions un peu plus fortes que le reste de la flotte et de prendre de l’avance, progressivement.

 

Première victoire en IMOCA et en solitaire

Le weekend dernier, Yoann prenait ainsi les commandes de la course et il ne les a plus quittées. Au fil des jours, il a découvert la rudesse de la vie en solitaire, s’est adapté au fait de si peu dormir, s’est accroché dès que les conditions se détériorent. En fin de course, fidèle à ses habitudes, il a limité les conversations pour rester concentré jusqu’au bout, résisté à une dernière dépression, à des creux de 6 mètres et des rafales avoisinant les 40 nœuds afin de consolider sa victoire.

© Anne Beaugé / Retour à La BaseÀ l’issue de 9 jours et 03 minutes en mer, Yoann Richomme vient donc de remporter l’unique course en solitaire disputée cette saison en IMOCA. Cette victoire s’ajoute à un palmarès particulièrement fourni, faisant de Yoann un des skippers les plus prolifiques en solitaire. Ainsi donc, en l’espace de sept ans, il s’est offert deux Solitaire du Figaro Paprec (2016, 2019) et deux Route du Rhum en Class40 (2018, 2022). C’est donc au sein d’une nouvelle classe qu’il brille en remportant Retour à La Base.

 

 

Deux ans et demi d’un travail d’équipe  

Ce succès est le résultat d’une incroyable aventure collective, un projet né en 2021. En l’espace de deux ans et une poignée de mois, une équipe a été constituée sous les couleurs de Paprec et d’Arkéa, un Class40 a dominé la saison 2022, un IMOCA a été conçu, fiabilisé et s’est inséré aux avant-postes de chacune des courses. « Ça fait deux ans qu’on est au taquet sur ce projet, ça fait neuf mois que le bateau a été mis à l’eau… On a passé beaucoup de temps au hangar à réparer les problèmes de jeunesse », savourait Yoann au ponton.

© Jean-Louis Carli / Alea / Retour à La Base

La saison de Paprec Arkéa est en effet un modèle de régularité. 2e de la Rolex Fastnet Race cet été, 2e de la Transat Jacques Vabre cet automne, Yoann s’offre donc une sacrée victoire pour conclure l’année. Il s’agit d’un exploit dans une classe ultra concurrentielle avec plus d’une quarantaine de projets qui se battent sans relâche pour d’obtenir leur qualification pour le Vendée Globe.

 

 

 

Si Yoann ne se cache pas d’être ambitieux en contribuant ainsi à la motivation de toute l’équipe, il répète régulièrement sa fierté d’évoluer avec des partenaires aussi bienveillants et une équipe aussi impliquée. La décharge d’énergie et le travail fourni par le team pendant dix jours en Martinique, avant le départ, a été particulièrement précieux dans la construction de cette victoire. Le succès valide aussi la réflexion du bureau d’étude au moment de designer le bateau, à l’image de ce cockpit au design innovant qui protège la zone de travail. « Le design de ce bateau est exceptionnel, il est au-dessus de ce qui s’est fait ailleurs. Nous sommes capables de le pousser plus loin et de mettre le curseur plus loin que les autres, c’est une chance », décrypte Yoann.

©  Jean-Louis Carli / Alea / Retour à La BaseCette victoire arrive à point nommé à l’issue de cette année particulièrement enrichissante. Désormais, tous les regards seront tournés vers la saison prochaine. Au programme : une phase de chantier, deux transatlantiques (The Transat CIC, New York - Vendée) avant le grand objectif, le Vendée Globe dont le départ aura lieu le dimanche 10 novembre 2024. Une saison qui s’annonce donc particulièrement intense et que Yoann abordera fidèle à son état d’esprit : avec humilité, ambition et la volonté d’embarquer le plus grand nombre dans ses incroyables aventures.

 

Sa première réaction

« Cette course, c’était un grand moment. Je suis hyper fier d’être là, hyper fier de terminer en tête ! Elle s’est essentiellement jouée sur le décalage tactique que j’ai pu faire et qui m’a servi tout du long. Nous avons un bateau qui est dessiné pour aller dans la brise, dans plus de mer que les autres. J’ai peut-être une facilité à mettre le curseur un peu plus haut. Au final, j’ai pris du plaisir à naviguer même si ce sont des bateaux durs. Ce sont des bateaux engagés mais ils te le rendent bien. Il y a des moments de surf de dingue mais faut s’accrocher ! À Retour à La Base, je crois que personne n’a fait semblant.  À un moment donné, je me suis dit qu’on ne tiendrait jamais dix jours comme ça. Les bateaux ont bien souffert, on a beaucoup de leçons à apprendre sur la façon de les manier. Nous ne pouvons pas les mener à 100% tout le temps sinon on casse tout ! J’ai une pensée pour Charlie (Dalin) qui n’était pas avec nous, pour Thomas (Ruyant) et Jérémie (Beyou) qui ont eu des problèmes techniques. Là, on va profiter… J’ai envie de faire la fête ! »