C’est l’histoire de scènes qui se répètent, inlassablement, course après course. Dans la chaleur de Fort-de-France (Transat Jacques Vabre, 2e en 2023), au cœur de l’hiver à Lorient (Retour à la Base, 1er), au pied de la Statue de la Liberté (Transat CIC, 1er en 2024) ou lors d’un matin ensoleillé aux Sables d’Olonne (Vendée Globe, 2e en 2025), il y a toujours ces mêmes images de sourires, d’embrassades, d’effusion de joie chez les membres de Paprec Arkéa. Ce sont les moments qui expliquent tout : les semaines et les mois d’efforts, les doutes, la nécessité d’être intransigeants. « Nous sommes partis d’une feuille blanche en 2021, nous avons monté une équipe sérieuse et tenu notre feuille de route, résume Romain Ménard, team manager. Et nous avons réussi à dépasser nos objectifs en remportant deux transatlantiques et en terminant 2e du Vendée Globe ».
La Route du Rhum 2022, victoire fondatrice
La mission commando a débuté il y a seulement quatre ans. L’histoire d’un co-partenariat inédit entre deux groupes, Paprec et le Crédit Mutuel Arkéa, co-fondateurs et co-propriétaires de l’écurie de course au large.. Ils font également confiance à un duo formé par Romain Ménard et Yoann Richomme. Ils constituent une équipe et s’attachent à construire un IMOCA avec les architectes Antoine Koch et Finot-Conq, le chantier Multiplast et des dizaines d’entreprises. En parallèle, l’équipe s’élance dans une sacrée mission : disputer la Route du Rhum en Class40 et permettre à Yoann d’y conserver son titre.
Le skipper, pourtant pénalisé au départ, s’offre une « remontada » fulgurante puis une victoire de haute volée à Pointe-à-Pitre. « Ce succès a énormément compté, souligne Romain Ménard. Il a permis de créer une expérience commune, de valider nos méthodes et de susciter de l’ambition ». Quelques semaines plus tard, la mise à l’eau de l’IMOCA est riche en promesses. Pourtant, tout reste encore à faire. Dans l’équipe, chacun doit faire ses preuves et Yoann le premier, lui qui n’a jamais été à la tête d’un tel projet et qui n’a alors jamais navigué dans les mers australes.
À l’arrivée, des statistiques vertigineuses
Pourtant, la montée en puissance a toujours été progressive. L’Atlantique est un sacré terrain de jeu : 2e à la Transat Jacques Vabre avec Yann Eliès, Yoann s’impose dans les deux courses suivantes (Retour à la Base, The Transat CIC). Ces performances ne sont jamais perçues comme des aboutissements mais comme des sources de motivation pour la suite. La performance et la fiabilité du bateau sont des priorités de chaque instant. Quand en 2023 l’équipe technique souhaite renforcer le bateau, les partenaires acceptent d’annuler certaines navigations qui leur sont dédiées. Tous ont bien en tête l’enjeu majeur du projet : le Vendée Globe, tour du monde iconique et épreuve incontournable de la discipline.
Un objectif dans toutes les têtes avec l’envie, chevillée au corps d’être, à la hauteur du rendez-vous. Yoann le sera : présent dans le peloton de tête dans l’Atlantique, auteur d’une sacrée remontée dans les mers du Sud, il livre un duel exceptionnel face au grand vainqueur, Charlie Dalin, et termine à la 2e place. À l’arrivée, le marin, comblé, évoque « une immense satisfaction », « un projet magnifique ». Il rend hommage à l’équipe aussi avec pudeur : « je suis hyper heureux de ce qu’on a accompli ensemble ». À l’heure du bilan, les statistiques de Paprec Arkéa sont vertigineuses : 2 victoires, 4 podiums, 6 « top 10 » en 8 courses et aucun abandon.
Le Vendée Globe 2028 déjà en ligne de mire
Ce qui fait la force du collectif Paprec Arkéa c’est aussi sa capacité à se projeter. « Il est primordial de travailler la vision à long terme pour avoir une feuille de route claire et un cap déterminé, abonde Romain Ménard. Ça permet à toute l’équipe de pouvoir travailler avec un maximum de sérénité ». Ainsi, à l’arrivée de Yoann aux Sables d’Olonne, la saison 2025 a déjà été anticipée. Après une saison en solitaire, c’est le retour des courses en équipages et en double, au plus grand bonheur de Yoann qui apprécie plus que tout le partage et la transmission à bord. À l’issue de cette année particulièrement enrichissante, il y a la Transat Café L’Or, dernière course du bateau sous les couleurs de Paprec et du Crédit Mutuel Arkéa où Yoann comme Corentin feront tout pour briller. « Je crois qu’on a toutes les armes pour gagner, assure Yoann. Si les conditions sont favorables avec notre bateau, notamment en cas de vent fort, je suis sûr qu’on sera aux avant-postes ».
Dans l’équipe, on sait que la maîtrise du temps est la première marche vers la performance. Alors on se projette déjà, à plus long terme. En juin dernier, elle a annoncé la suite de cette belle histoire : avec le groupe Paprec, l’équipe construira un nouveau bateau, dont la mise à l’eau aura lieu au cours du premier trimestre 2027, afin d’être au rendez-vous du Vendée Globe un an plus tard. « Il y a forcément un pincement au cœur avec l’arrêt du soutien du Crédit Mutuel Arkéa, explique Romain. Mais le Crédit Mutuel Arkéa respecte avec sérieux son engagement qui court jusqu’à fin 2025. Nous avons une chance formidable de poursuivre l’aventure avec Paprec ». Un enthousiasme partagé par Yoann Richomme : « je suis très heureux de continuer à écrire notre histoire avec Paprec ». Et le skipper de rappeler la ligne de conduite qui anime toute l’équipe au quotidien : « on va pouvoir repousser encore un peu plus les limites ! »