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Le skipper de Paprec Arkéa a réalisé une course à couper le souffle. Retardé par une pénalité dès le départ, il a remonté toute la flotte puis en a pris le contrôle il y a neuf jours. Attendu demain matin sur la ligne d’arrivée, il semble plus que jamais en position de force pour s’imposer. Retour sur une course à couper le souffle et explications autour de l’arrivée qui n’est jamais une formalité.

Les belles histoires ont parfois pour unique source une solide volonté et une farouche détermination. Au sein du Team Paprec Arkéa, qui s’active afin de concevoir et mettre à l’eau un IMOCA pour le début de la saison prochaine, l’idée de participer à la Route du Rhum-Destination Guadeloupe a rapidement fait son chemin.

Nous cherchions à courir en 2022 avec un programme qui soit adéquat avec la construction du bateau

expliquait Yoann Richomme il y a quelques mois. 

 

Une préparation express et enthousiaste 

Lui n’avait plus couru en solo depuis la Solitaire du Figaro en 2019. L’envie de goûter à nouveau à la fièvre des courses se faisait, mois après mois, un peu plus forte. Alors, Paprec Arkéa et toute l’équipe lui ont permis de relever ce challenge fou : tenter de conserver son titre de vainqueur de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe en Class40, ce qu’aucun marin n’avait réussi jusque-là.

Une course contre-la-montre débute et elle ne s’achèvera que dans une poignée d’heures, quand Yoann aura franchi la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre. En juillet dernier, le plan Lombard Paprec Arkéa était mis à l’eau. L’équipe s’active pour faciliter sa prise en main, le skipper s’illustre à la Dhream Cup (4e) puis à la 40 Malouine Lamotte (2e). Une préparation express où tout le team n’a pas ménagé ses efforts avant de se jeter dans le grand bain de la Route du Rhum.

 

Une « remontada » à la sauce iodée 

Au ‘top départ’, Yoann reconnaît « avoir été un peu trop pressé ». Pénalisé pour avoir coupé la ligne trop tôt, il écope d’une pénalité de quatre heures qu’il décide d’honorer dès la fin de la journée, profitant d’une zone sans vent. Puis il a fallu « cravacher ». L’expression est de lui, il s’évertue à la répéter de jour en jour et à la mettre en pratique surtout. De la pointe bretonne jusqu’au Cap Finisterre, il grappille inlassablement des places, une « remontada » à la sauce iodée. Chacune d’entre elles offre un surplus de motivation et un zeste de confiance en plus. Dimanche 13 novembre, en fin de journée, le Class40 Paprec Arkéa pointe en tête. 

La suite n’a rien d’une partie de plaisir parce qu’il reste des fronts à traverser, parce qu’il faut dépasser les Açores, vivre l’inconfort et le manque de sommeil avant d’atteindre les alizés. Poussé enfin par ces vents porteurs, Yoann continue d’imprimer un tempo particulièrement fort à l’avant de la course. Certains de ses concurrents directs sont ralentis par des pépins techniques (Xavier Macaire, Groupe SNEF ; Corentin Douguet, Queguiner – Innoveo), lui s’évertue à consolider son avance qui comptera au maximum 120 milles d’avance. 

 

Pourquoi le moment de l’arrivée est si difficile à estimer 

Le double vainqueur de la Solitaire du Figaro connaît trop la course au large pour se dire vainqueur avant de franchir la ligne d’arrivée.

On n’a jamais trop d’avance

répète Yoann ces derniers jours

 La fin de la course lui donne raison : le tour de l’île de la Guadeloupe est un exercice extrêmement périlleux. C’est d’ailleurs ce qui explique que les heures estimées d’arrivée (ETA) sont à prendre avec des pincettes à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. 

Dans ses dernières prévisions, la direction de course a annoncé l’arrivée de Yoann à la Tête à l’anglais ce mercredi, à 5 heures (heure locale), soit 10 heures (heure de Métropole). Sauf qu’entre la Tête à l’anglais et la ligne, la météo est souvent très capricieuse. « Comme l’île est haute, le vent tourbillonne à proximité et ça rend la progression très aléatoire, confiait le marin. Techniquement, ce n’est pas compliqué, il n’y a que deux choix de voile mais ça peut être long. Il y a quatre ans, je l’avais fait en cinq heures. Là, je vais essayer de faire un contournement le plus ‘safe’ possible ».

mardi 22 novembre