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Après sa victoire en 2018, le skipper de Paprec Arkéa conserve son titre à l’issue d’une remontada historique !   En remportant ce mercredi la mythique transatlantique après 14 jours, 3 heures et 8 minutes en mer, Yoann Richomme entre dans l’histoire. Le skipper devient le 1er skipper à conserver son titre en Class40 et le 5e marin à inscrire à deux reprises son nom au palmarès de la course. De quoi boucler la page sportive du Class40 de la meilleure des manières avant de se projeter avec enthousiasme vers un nouveau pari : l’IMOCA et le Vendée Globe 2024.

Un doublé à l’arrivée avec l’effusion de joie de circonstance. Après avoir franchi la ligne d’arrivée ce mercredi, à 12 heures 23 minutes et 49 secondes (heure locale), soit 17 heures 23 minutes et 49 secondes (heure de Métropole).

 

Yoann Richomme entre dans le club très fermé des doubles vainqueurs de l’épreuve. Déjà deux fois lauréat de de la Solitaire du Figaro, il soulèvera en effet le trophée de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe quatre ans après son premier succès. Il s’est d’ailleurs montré plus rapide qu’en 2018 de 2 jours et s’offre le record de la course en Class40.

 

 

 

 

Les premières réactions de Yoann 

« Il y a beaucoup de fierté. Je pensais vraiment que le doublé était dur à aller chercher. Il faut réunir tellement d’ingrédients, tellement de petits détails pour y arriver. J’étais confiant sur la capacité à faire un bon résultat mais l’emporter, je pensais que ça allait être un autre dossier. En plus, étant donné que je me suis tiré une balle dans le pied d’entrée, qui m’a coûté 4 heures de pénalité, ce n’était pas bien parti. Après, le scénario s’est bien déroulé. J’étais vraiment dans le domaine que j’aimais bien, de gestion de la météo un peu bourrin avec la succession de front qui a été très violents, à l’image des casses et des abandons. À chaque minute de la régate, je me suis dit : « je vais le casser ce bateau, je ne vais pas terminer », même avec 100 milles d’avance. Même là, entre les Saintes et la Guadeloupe où on a pris un grain fort. Ce n’était pas possible, je ne pouvais pas le casser là le bateau ! Il y a donc beaucoup de fierté à l’arrivée. C’est notre première régate avec l’équipe Paprec Arkéa, c’était notre challenge. On n’était pas obligé de faire cette aventure, on aurait pu rester tranquillement à préparer notre IMOCA. Nous voulions préparer la saison du mieux possible et préparer la suite et on l’a fait. J’en suis vraiment très heureux ».

 

 

Une préparation express et sans accroc

L’histoire est d’autant plus belle qu’elle a pris corps il y a moins d’un an quand l’équipe de Paprec Arkéa réfléchissait au programme sportif que pouvait suivre Yoann pendant la construction de l’IMOCA en cette année 2022. Défendre un titre aussi prestigieux que celui acquis à la Route du Rhum était un challenge aussi riche en sens qu’en symbole.

Le Team s’est donc attelé à lui donner corps en lançant la construction d’un Class40, un plan Lombard, mis à l’eau en juillet dernier. Si la préparation express s’est déroulée sans accroc, c’est qu’aucun détail n’a été négligé. Yoann s’était entraîné avec Corentin Douguet, l’équipe technique s’est mobilisée et les belles prestations à la Dhream Cup (4e) et à la 40 Malouine (2e) ont contribué à la montée en puissance et à la mise en confiance.

 

 

Le temps de la ‘remontada’

Il restait le plus difficile : être à la hauteur des espérances et des espoirs attendus. Pourtant au départ, Yoann s’est fait surprendre, pénalisé pour avoir coupé la ligne trop tôt. Qu’à cela ne tienne : il s’immobilise quatre heures pour effectuer sa pénalité, s’excuse auprès du Team dans une vidéo et relance la machine. « Je vais devoir cravacher », assure-t-il. Des paroles aux actes, le skipper de Paprec Arkéa met les bouchées doubles. Surtout, il est récompensé de ses efforts en grappillant les places une par une. C’est le temps de la ‘remontada’, de la pointe bretonne au golfe de Gascogne. La récompense a lieu le dimanche 13 novembre, en fin d’après-midi : le Class40 Paprec Arkéa pointe enfin en tête.

Si elle est si impressionnante, sa progression est pourtant tumultueuse à bord. Intégralement conçu pour la performance, les bateaux sont particulièrement rudes pour les organismes. « Il faut s’imaginer sur une route lancée à 70 km/h avec des dos d’ânes tous les 100 mètres et des grands tonneaux métalliques dans le coffre qui s’entrechoquent », aime rappeler Yoann.

Pourtant, le marin tient bon, il fuse dans les alizés et imprime un rythme d’enfer à l’avant de la course, comptant jusqu’à 120 milles d’avance sur ses poursuivants. Sa concentration extrême, même lors de ce long dernier bord vers la Guadeloupe, lui a offert le luxe d’aborder le tour de la Guadeloupe, si piégeux, avec sérénité.

 

 

Une incroyable récompense collective

Ainsi donc, Yoann a été accueilli avec les honneurs réservés aux vainqueurs de la Route du Rhum ce mercredi comme il y a quatre ans. Il est le seul à avoir réussi cet exploit en Class40, le seul à l’avoir réalisé dans la même classe avec Laurent Bourgnon et Erwan Le Roux. Dans le club très fermé des doubles vainqueurs, on trouve aussi Roland Jourdain, Lionel Lemonchois, Franck-Yves Escoffier et tout récemment Thomas Ruyant.

Si le talent du skipper y est pour beaucoup, ce succès est aussi une incroyable récompense collective. La capacité du team à dérouler le fil de cette aventure sans accroc est une satisfaction, tout comme celle de mener ce projet en parallèle de la construction d’un IMOCA. Cette équipe, née il y a 15 mois, réunit des talents et des savoir-faire reconnus, montre aussi sa capacité à se dépasser, à se fédérer et à faire preuve d’efficacité et de cohésion.

La réussite de ce challenge est donc une expérience de plus, un acquis et des souvenirs qui seront si précieux pour envisager l’avenir avec le maximum d’enthousiasme et de sérénité. Et celui-ci s’annonce tout aussi exaltant : dans quelques mois, Paprec Arkéa mettra à l’eau un IMOCA neuf, fruit d’une réflexion et d’un travail passionné entre tous les membres du Team. Bientôt, Yoann Richomme prendra la barre et retrouvera l’océan. Bientôt, il retrouvera la fièvre des courses et une nouvelle bataille qui devrait l’emmener vers le plus prestigieux des tours du monde, le Vendée Globe 2024. Bientôt, la Route du Rhum ne sera qu’un chapitre en plus, si enjoué soit-il, d’une formidable aventure humaine et collective.

 

Sa course en chiffres :

  • Temps de course : 14 jours, 3 heures, 8 minutes et 40 secondes
  • Vitesse moyenne sur l’orthodromie (route directe) : 10,44 nœuds
  • Vitesse moyenne réelle : 11,81 nœuds
  • Milles parcourus : 4 000,34 milles