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L’IMOCA Paprec Arkéa a contourné ce matin en 4ème position le waypoint Gallimard, la dernière marque de parcours de la course avant de mettre le cap vers Brest et la ligne d’arrivée. Yoann et Yann ont dû réduire leur vitesse à cause d’un souci technique les obligeant à barrer en permanence. Yoann et Yann continuent ainsi leur apprentissage, parfois brutal à cause des conditions, et commencent déjà à identifier les points à améliorer pour la suite. Explications du bord. 

Il y a les belles images, l’avancée fluide du bateau sur l’eau, l’impression d’être sur un tapis volant et puis il y a d’autres conditions. Celles qui sont « plus sauvages » où la mer est plus formée et le vent plus fort. Celles où « ça tape beaucoup en mettant à rude épreuve les hommes et le matériel » dixit Yann Eliès. Ce sont ces conditions qu’a vécu le duo de Paprec Arkéa en cette nuit de mercredi à jeudi, la quatrième depuis le début de la course.

 « On a hâte de repartir au portant et on compte les heures avant de faire demi-tour et d’avoir le droit à des glissades », confiait le coskipper dans la soirée. Il a donc fallu prendre son mal en patience avant de contourner le waypoint Gallimard, au cœur de la nuit. Ce jeudi matin, le duo progressait à 16,5 nœuds. Désormais, il ne reste plus que 370 milles avant de franchir l’arrivée, vraisemblablement en fin de la nuit prochaine.

 

 

« Il y a plein de choses qui peuvent être améliorées »

Ayant réussi à prendre la 3ème place lors de la journée d’hier, ils ont aussi dû se résoudre à l’abandonner, la faute à deux soucis techniques en début de nuit : un décollement de panneau sur un ballast, et l’arrachage des supports de vérins de pilote. Le premier nécessite le collage d’un renfort, le second des travaux de composite pour continuer à naviguer sous pilote automatique. En lien avec la cellule de veille (Simon Troël, Gautier Levisse et Adrien Bernard), ils ont testé les procédures mises en place avant la course, avec au programme travaux en composite, perceuse, ponceuse, bol de résine et tissu en carbone.

Ces travaux ont forcément ralenti la progression de Paprec Arkéa, distancé pendant la nuit par For the Planet (Sam Goodchild-Antoine Koch). Pas de quoi décontenancer Yoann et Yann, d’autant que l’objectif est ailleurs. « Charal, For People et For The Planet, c’est la crème de la crème, les grands favoris de la course, poursuit Yoann. Ça nous permet de mesurer tout le travail qu’il nous reste à accomplir. Et on voit qu’on n’est pas si loin de ça ! » 

Cette course permet donc d’identifier tous les points à optimiser. Yann Eliès, qui a navigué sur de nombreux IMOCA, a l’œil et l’expérience pour avoir ces petites idées qui peuvent contribuer à la performance. Dans son viseur et dans celui de l’équipe : la capacité à renforcer le confort, notamment dans des conditions rudes comme cette nuit.  « Il y a plein de petites choses qui peuvent être améliorées afin de mieux dormir, mieux manger et contribuer à ‘continuer à vivre’ dans toutes les conditions ».

En revanche, cette course apportera aussi des certitudes, à l’instar de la complémentarité et de la bonne entente de leur duo. « Notre collaboration et au top, très limpide et la répartition des rôles se fait bien. Les décisions sont assumées de part et d’autre et ça contribue à ce que l’ambiance soit aussi bonne à bord ». De quoi envisager l’avenir avec enthousiasme ! 

 

 

Dans des yeux à terre

Dans des yeux à terre
Dans des écrans, on suit le jeu
Des yeux, on voit les jours, les nuits, le vent
Des écrans, des pluies de paramètres plaisants
Tandis que sur l’eau on n’est pas en plaisance
Tout dit que sur l’eau, on bataille, on avance
Que les marins sont sûrs d’eux, sûrs de ce fait d’aller
Et les mains en rayent les écrans, à terre où c’est dallé
C’est dans l’air ou sur l’eau que tout se passe, mais de la terre aussi
De là tergiversent les équipes, à propos d’air ou d’eau
À propos des pics de vents, de vagues, d’une arrivée au près ou de travers
Arrivée que, sur terre, on espère épique

Jean-Marie Loison-Mochon