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Sept mois et un jour après sa mise à l’eau, l’IMOCA Paprec Arkéa a fait partie des grands protagonistes de la flotte des 33 bateaux des 48H Azimut. Après une bataille particulièrement intense, Yoann Richomme et Yann Eliès terminent 4èmes à l’issue de 1 jour, 21 heures, 06 minutes et 25 secondes de course. Une performance qui récompense le travail réalisé par toute l’équipe depuis la mise à l’eau du bateau en début d’année. Les deux skippers, eux, ont gagné en automatisme et en confiance. Ils peuvent désormais se tourner avec ambition vers les grands rendez-vous de cette fin de saison, la Transat Jacques Vabre et Le Retour à la Base.

Un « match dans le match » à couper le souffle, sans répit du départ jusqu’à l’arrivée. Ces 48 Heures Azimut ont offert une bataille de tous les instants en tête de course. Là où la vitesse a souvent dépassé les 30 noeuds et là où se faisait le tempo de la course, il n’y a que des marins et des projets d’expérience. Les vainqueurs Jérémie Beyou et Franck Cammas ont mis à l’eau Charal2 l’an dernier, Sam Goodchild et Thomas Ruyant (For the People) disposent d’un bateau fiabilisé depuis 2019 et vainqueur de la dernière Route du Rhum, Charlie Dalin (2e du denier Vendée Globe) – associé à Pascal Bidégorry (Macif Santé Prévoyance mis à l’eau en juin dernier) – a trusté tous les podiums en IMOCA ces dernières saisons… Et à leur côté une grande partie de la course, il y a un projet qui s’est constitué il y a seulement deux ans, Paprec Arkéa. Un skipper qui découvre l’IMOCA, une équipe motivée et un bateau mis à l’eau en février dernier…


« Ça tape dur ! » (Richomme)


C’est donc ce qu’ont réalisé Yoann et Yann pendant toute cette course, eux qui ont franchi la ligne ce samedi matin, à 9h 36mn 25sec, à 3h 19mn 42sec du vainqueur (Charal), après 1 jour, 21h et 06mn de course. Avant ce dénouement matinal, avant le soulagement, les sourires, le repos bien mérité et les idées à mettre en place, il y a eu une course.
48 heures de haute volée, face à des grains, des zones de molle, des conditions plus toniques…Lors de la nuit de jeudi à vendredi, Yoann tente de faire le point face à la caméra de Julien Champolion, mediaman embarqué. « Ça tape dur, explique-t-il. Le bateau dépasse parfois les 30 noeuds et les atterrissages peuvent être douloureux.» La séquence laisse entrevoir la violence des chocs, cet amas de carbone qui s’abat soudainement dans le creux des vagues. Même avec l’habitude, même en se cramponnant, Yoann reconnaît que rien n’est facile. Il préfère en rire : « il y a des collages qui craquent parfois, mais heureusement rien de rédhibitoire ».

 

« Un potentiel dingue au portant » (Eliès)


L’IMOCA et son duo de skippers ont fait bien mieux que résister. Ils ont démontré qu’il fallait compter sur eux dans le wagon de tête. Dans des conditions aussi disparates, et malgré un pépin technique dès les premières heures de course (qui empêchait de bien régler la grand-voile), Yoann et Yann se sont employés sans relâche et ont marqué la course avec un retour fulgurant aux avant-postes, avec un bord à 29 noeuds de moyenne.

 

 

Afin d’y parvenir, Paprec Arkéa a réalisé « un super bord de portant » dixit Yann Eliès. Le co-skipper précise : « ça nous fait plaisir parce qu’on n’avait pas eu l’occasion de le faire beaucoup depuis la mise à l’eau du bateau ». « On a prouvé que le bateau avait un potentiel dingue à cette allure-là », ajoute Yoann. À cette allure, Paprec Arkéa impressionne : l’IMOCA progressait « 2 à 3 noeuds plus vite que ses rivaux », poursuit Eliès. Ensuite, il a fallu faire face à une nuit avec des conditions irrégulières puis à une zone de molle à quelques milles de l’arrivée ce samedi matin.


À l’arrivée donc, les enseignements sont conséquents. Déjà parce que la confrontation est enrichissante – « nos adversaires ont toujours une vitesse élevée, ça nous pousse à être pertinents dans nos réglages » - et qu’elle permet « d’apprendre rapidement beaucoup de choses ». Et puis il y a l’essentiel, que Yoann aime répéter, pendant la course comme à terre : le plaisir simple d’être à bord de ce bateau. « Il est simplement fantastique, s’enthousiasme-t-il. Nous avons de la chance de pouvoir naviguer à bord… On s’éclate ! » Rien de mieux pour gagner en confiance et en sérénité alors que la course majeure de la saison, la Transat Jacques Vabre, s’élance dans 37 jours depuis le port du Havre !

 

Leurs premières réactions


Yoann Richomme : « On est vraiment contents du résultat avec des conditions pas faciles. On a encore beaucoup appris sur le fonctionnement du bateau notamment au près, des supers sensations de glisse au portant comme on l'imaginait. »


Yann Eliès : « On a vécu le premier bord de portant dans du vent fort et de la mer formée sur plusieurs heures ; on attendait ces conditions depuis la mise à l'eau du bateau. On a la confirmation, si à la Transat Jacques Vabre il y a des conditions de portants : ça va être vraiment le kiff. »