C’est la plus belle marque de confiance qu’ils pouvaient faire à l’équipe technique de Paprec Arkéa. Alors que tous se sont employés pendant des heures au Havre pour remplacer l’outrigger et le foil endommagé dans la nuit de dimanche à lundi, Yoann et Corentin sont repartis en donnant tout, certains que le travail réalisé allait porter ses fruits. Néanmoins, avec un peu moins de 24 heures de retard sur le reste de la flotte, les deux marins avaient bien conscience que leur mission allait être tout sauf aisée.
« Passer la tempête sans prendre de risque »
Au programme : la sortie de Manche puis le contournement de la pointe bretonne avant de plonger dans le golfe de Gascogne. Mardi midi, Yoann Richomme évoquait « une mer forte et cassante à l’approche d’Ouessant ». Mais au fil des heures, les conditions se sont légèrement adoucies. « Les dernières heures ne se sont pas trop mal passées parce que les conditions se sont calmées, assure le skipper ce mercredi matin. Il a fallu tirer des bords, c’était gérable et même plutôt agréable ».
Désormais, les conditions se durcissent. Dans une vidéo ce matin, Yoann montrait que « le vent était rentré » avec 24-25 nœuds. « On va traverser le golfe de Gascogne avec une quinzaine de nœuds au reaching sous J0. Ça va bombarder tout l’après-midi ! » Dans le même temps, les deux skippers ont les yeux rivés sur les fichiers météos. En cause ? Une forte dépression qui va s’abattre sur la façade Atlantique et qui a poussé les organisateurs de course à neutraliser la course des Class40. « Le but, c’est de passer cette tempête sans prendre de risque, en restant en sécurité tout en gardant de la performance », décrypte Yoann.
« Ça va le faire, je ne suis pas inquiet »
Ce qui complexifie leur progression, c’est qu’il est difficile de connaître avec exactitude le déplacement et la force du phénomène. « On aimerait avoir plus d’options sur la façon de l’aborder mais pour l’instant, on a du mal à se positionner dans l’ouest », reconnaît le skipper. Les deux marins restent particulièrement vigilants à l’évolution de la situation. « Le vent va commencer à rentrer ce soir, on va tout faire pour être en mode « safe » avec une petite surface de voilure ». « C’est un gros coup de vent à passer avec un virement de bord dans 40 nœuds de vent, précise Yoann. Mais ça va le faire, je ne suis pas inquiet ». Il évoque l’idée d’une expérience en plus, « un apprentissage » qui lui sera bénéfique comme à Corentin.
Une fois passée cette dépression, la suite s’annonce « plus agréable ». « On va pouvoir faire du sud et de la route directe ». En revanche, difficile de savoir à ce stade si les conditions permettront à Paprec Arkéa de revenir sur le reste du peloton. Yoann reconnaît que la course s’annonce « un peu longue et monotone, sans compétition totale ». Il n’empêche, progressivement, les deux skippers tentent de faire contre mauvaise fortune bon cœur. « Bien sûr que pour nous, compétiteurs, la situation n'est pas facile, conclut le skipper de Paprec Arkéa. Mais quand la tempête sera passée, on filera vers les Canaries, on sera plus au chaud et je suis sûr que ça ira mieux ! »