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C’est une transatlantique difficile et inattendue qui marque la fin de l’aventure de Yoann Richomme avec son IMOCA Paprec Arkéa, “PA24” pour les intimes. Mais le skipper en gardera un bilan positif, avec 5 979 milles supplémentaires au compteur, et une équipe qui aura su se révéler et rebondir dans l’adversité. Autant d’enseignement qui ne seront que bénéfiques pour la suite !

 

Yoann, quel est le plus gros défi que vous avez eu à relever pendant cette Transat Café L’Or ?

Le plus gros défi de cette transat a été de nous remettre dedans. Il a fallu accepter de ne pas être dans la compétition et de se confronter à une météo rugueuse au large de l'Espagne, avec deux passages de front à 50 nœuds par moment. On a pu voir que ça se passait bien, que les bateaux étaient hyper marins et que j'avais les bonnes méthodes pour les passer. C'était un bon enseignement pour Corentin, ce sont des choses qui lui seront utiles rapidement, peut-être pour la prochaine Route du Rhum. Après, on a bataillé à distance, on essayait de matcher les vitesses des autres, de faire des choses similaires.

Vous avez donc réussi à rebondir et à vous fixer de nouveaux objectifs ?

C'était juste le fait de ne pas transformer cette transat en un convoyage et de rester en mode performance, de pousser le bateau à fond. On a continué d'apprendre, on a fait beaucoup de tests. On a réussi à progresser, à apprendre encore des petits détails dans l'utilisation de ce bateau.

Quels enseignements as-tu tiré de cette expérience ?

Que nos bateaux vont de plus en plus vite ! Sur le même bateau, avec le même matériel qu'il y a deux ans, on fait quasiment 2 à 3 nœuds de moyenne de plus. Ça va vraiment vite, la flotte a vraiment progressé dans l'utilisation des bateaux. Les rythmes sont hyper soutenus, et ça a des influences sur les choix techniques des bateaux. C'est intéressant par rapport à la construction de notre nouveau bateau.

Avez-vous également été confrontés à des choix stratégiques difficiles ?

Passée la décision de repartir malgré la tempête qui nous attendait, il y a eu plusieurs zones de transition qui n'étaient vraiment pas simples à passer dans notre descente, entre le passage du front et l'arrivée aux Canaries. C'était intéressant, parce que ce ne sont pas des zones dans lesquelles les routages sont très fiables. Du coup, il faut être un petit peu plus intelligent qu'eux. Ça complexifie pas mal les choix stratégiques, et ça les rend intéressants. Tout n'est pas dans l'ordinateur.

Quel plus beau moment retiendras-tu de cette traversée ?

Nous n’avons malheureusement pas vu grand-chose, parce qu'on a tout passé de nuit : le Sahara, les Canaries, la Martinique... C'est toujours un peu dommage. Mais il y a eu un moment au début de l'alizé, au nord du Cap-Vert, où ça glissait tout seul. On a eu 24-36 heures hyper agréables, le bateau qui marchait à 10-12 nœuds. Ce sont des moments appréciables, parce qu'après, rapidement, le bateau va très vite et on se fait bien remuer. Donc ça reste le meilleur moment : ce lever de soleil au nord du Cap-Vert.

Un message pour Corentin ?

Ça a été un super équipier, j'ai vraiment adoré passer une année avec lui. Je suis hyper satisfait du niveau qu'il a pour récupérer le bateau, pour préparer son chantier d'hiver, pour préparer sa saison prochaine. Je pense qu'il a bénéficié d'une super saison de transmission, qu'il est sur des rails pour la suite, et c'est plaisant de savoir qu'il est bien lancé, que ce bateau va être très bien utilisé. J'espère qu'il ne va pas trop nous ennuyer quand même ! (Rires)

Et pour ton équipe ?

Ils ont fait un super boulot toute l'année. J'étais vraiment admiratif du niveau d'organisation qu'on a réussi à atteindre, et de notre capacité à rebondir dans les moments difficiles, surtout au Havre. On a vu tous nos efforts de préparation, en termes de matériel, de pièces de rechange, de personnes disponibles, payer. En quelques heures, on était à poste au Havre avec toutes les pièces de rechange, le bateau réparé en une douzaine d'heures. C'est le travail de plusieurs années qui a payé ce jour-là. Il faut prendre ça comme une petite pierre qui nous permet de faire une belle transat derrière en termes de performance, d'en tirer des enseignements qu'on peut retranscrire dans le nouveau bateau. Ça va payer sur le long terme. Ils ont été au top, comme d'habitude, les hommes et femmes de l'ombre ont répondu présents. Je suis super fier du travail accompli cette année.