Naviguer sans compter, tout donner, s’assurer qu’il n’y ait aucun compromis sur la performance et aucun regret à avoir. Yoann Richomme a repris sa marche en avant, fidèle à sa capacité à tirer le maximum du potentiel du bateau. Après une première nuit en Bretagne nord, à batailler avec Axel Trehin pour revenir sur les hommes de tête, Paprec Arkéa s’est élancé au large, à filer sur une trajectoire Ouest, Sud-Ouest.
« Essayer de remonter petit à petit »
Jeudi en fin de matinée, lors des vacations, il assurait bénéficier de conditions « agitées, ventées » et « jusqu’à 27 nœuds de vent au passage de Ouessant ». Ensuite, place donc à ce long bord vers l’Ouest.
C’est un très long bord qui va nous prendre deux à trois jours
estimait-il hier en fin de journée.
« Les perspectives ne sont pas très marrantes, la météo s’annonce délicate. Ce n’est pas très engageant mais je vais tout faire pour essayer de remonter petit à petit. Il y aura des passages météos compliqués donc je pense que je peux en profiter pour recoller un peu ».
Justement, grâce à son abnégation, Yoann est parvenu à revenir progressivement sur la tête de course et les autres partisans de cette route Sud-Ouest. Pointé à la 50e place jeudi matin, le marin de Paprec Arkéa a entamé une sacrée « remontada » : 37e à 11 heures, 29e à 14 heures, 20e à 21 heures et 14e à 7 heures ce matin !
« Éviter le gros de la tempête »
La préoccupation du moment, c’est le premier front à passer. Il s’agira d’un point clé pour rester dans le rythme de la tête de course et continuer à grappiller des places au classement. « J’essaie de me décaler le plus possible au Sud afin d’éviter le gros de la tempête qui est devant nous ». Le moment n’est pas forcément le plus agréable – « la mer est formée, ça tape énormément » - mais il permet néanmoins de trouver une petite forme de quiétude. « On est plus tranquille, c’est un rythme plus lent ».
L’occasion, surtout, de recharger les batteries après des premières heures de course particulièrement éprouvantes. « Je peux me reposer un peu plus longtemps » explique le skipper de Paprec Arkéa qui reconnaît « avoir besoin de récupérer ». « J’ai réussi à faire quelques siestes devant l’ordinateur mais rien de long », confiait-il hier soir, espérant « faire une nuit entrecoupée de siestes ».
Essayer de bien se reposer donc, pour « continuer à être dans le rythme du paquet de devant et continuer à grappiller des places ». Car il faut parvenir, aussi, à « être opportuniste afin de trouver une porte de sortie vers le Sud ». Ça tombe bien : il s’agit d’un scénario similaire à celui de la dernière édition de la Route du Rhum, il y a quatre ans, quand Yoann Richomme avait signé une éclatante victoire.