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Depuis le départ de cette 5e et dernière étape, partie dimanche de Gênes, l’équipage mené par Yoann Richomme a pris les commandes de la course. En tête à la « scoring gate » au large de la Sardaigne mardi, et toujours leader ce jeudi, Paprec Arkéa consolide sa 2e place au classement général et se donne tous les moyens pour viser la victoire d’étape, lundi prochain.

Il s’agit de l’un des équipages les plus réguliers de The Ocean Race Europe depuis le départ de la course, mi-août à Kiel en Allemagne. Paprec Arkéa compte en effet trois podiums en quatre étapes et pointe logiquement à la 2e place du classement général. L’objectif au départ était identifié : tout faire pour conserver et consolider cette position face à Holcim-PRB (3e). Mais Yoann Richomme et les siens sont des compétiteurs, et il y avait forcément chez eux la volonté de tout donner pour ne rien s’interdire. « On a envie d’être à la hauteur de tout le travail qu’on a réalisé », disait d’ailleurs Gautier Levisse, qui fait partie de l’équipage aux côtés de Mariana Lobato et de Corentin Horeau. 

En tête à la « scoring gate » pour 57 secondes

Mais pour briller sur cette longue étape de près de 2000 milles, il a d’abord fallu prendre son mal en patience. Car les conditions au départ, dimanche dernier, étaient « très lentes et très légères », précise Yoann Richomme. Alors, l’équipage s’est affairé pour bénéficier de la moindre variation de vent le long des côtes italiennes puis françaises. Une bataille de chaque instant qui a été payante puisque Paprec Arkéa a pris dès lors la tête de la flotte. « On a essayé de s’extirper en tête et c’est bien cool d’y être parvenu », raconte alors Yoann.

Après avoir dépassé les îles du Levant, ils ont ensuite mis le cap vers le sud. Le vent était enfin au rendez-vous, plus d’une vingtaine de nœuds pour ce long bord qui les a menés jusqu’à la hauteur de Santo Stefano en Sardaigne. C’est là qu’était dressée la ligne de la « scoring gate ». Il a fallu être vigilant jusqu’au bout pour la passer en tête à l’issue d’un sacré duel : l’équipage l’a franchie avec 57 secondes d’avance sur Allagrande Mapei Racing. « On s’est battu pour être devant, s’amuse Corentin Horeau. Et puis ça fait deux points de plus ! » Pour l’heure, Paprec Arkéa conforte ainsi sa 2e place au classement général (31 pts, 4 pts d’avance sur Holcim-PRB).

« Ça ressemble à un départ parfait » (Yann Eliès)

Dans la foulée, l’équipage a continué à imposer le tempo. En restant au coude-à-coude avec Allagrande Mapei Racing, il a filé plein sud avant de bifurquer vers l’est. Ensuite, l’IMOCA Paprec Arkéa s’est retrouvé dans un groupe de quatre (avec également Biotherm et Team Malizia) dans un long bord délicat, face aux orages et à une météo particulièrement instable, de la Sardaigne à l’île d’Ustica, située au nord-ouest de la Sicile, qu’ils ont contournée hier soir. « Ça bombardait très fort, confie ce matin Yoann. Puis on a buté dans une zone de molle très orageuse. Il y a eu des centaines d’éclairs, dont certains sont tombés à moins de 2 km du bateau ! » 

Malgré quelques frayeurs – « on ne faisait pas les malins » sourit Yoann – Paprec Arkéa est parvenu à enrouler l’île d’Ustica en tête. « Le groupe de tête a explosé à ce moment-là, certains ont été collés dans des orages sans vent ». Ce n’est pas le cas de Paprec Arkéa qui était toujours en tête ce jeudi matin en dépassant l’île de Pantelleria. « On a réussi à prendre la poudre d’escampette. Mais les prévisions ne sont pas évidentes pour la suite et le rythme reste très intense ! »  

À mi-étape, moins de cinq jours avant l’arrivée prévue à Boka Bay, tous les voyants sont donc au vert. « Ça ressemble à un départ parfait, apprécie Yann Eliès, qui a pris part à l’aventure entre Carthagène et Nice. Le fait d’avoir empoché des points à la ‘scoring gate’, c’est vraiment bon pour le moral ». Co-skipper de Yoann Richomme la première année de l’aventure Paprec Arkéa, Yann rappelle l’exigence de la navigation en Méditerranée. « Ce n’est jamais facile, on peut vite être piégé, confie-t-il. Les fichiers météo ne sont pas toujours véridiques, il faut analyser la météo et toujours faire preuve d’une grande adaptabilité ». En somme, être prêt en permanence à raboter le sommeil, à multiplier les manœuvres et à ne pas compter ses efforts. « C’est sûr qu’en termes de gestion de la fatigue, ce n’est pas évident ».

Il va falloir tenir en filant à l’est pour se rapprocher de la Grèce, avant de remonter la mer Adriatique jusqu’à la ligne d’arrivée à Boka Bay. Quoi qu’il en soit, le début de course de Paprec Arkéa peut légitimement nourrir une belle ambition. C’est en tout cas ce qu’assure Yann Eliès : « La victoire d’étape ? Bien sûr que j’y crois ! Ils ont démontré depuis le début qu’ils savaient jouer aux avant-postes… Alors finir en s’imposant, ce serait magique ! »